« Laissez-vous vous réconcilier avec Dieu «
Notre chemin de carême est à mi-parcours.
Notre montée vers Pâques est à mi-chemin. C’est un motif de joie car nous voyons que nous avons fait du chemin dans nos résolutions. Nous nous sommes efforcés d’être plus proche de Dieu, de grandir dans son intimité dans une vie de prière, de méditation de la Parole de Dieu et dans une vie de communion eucharistique.
Aussi, nous avons essayé de replacer nos frères et sœurs au centre de nos préoccupations pour les aimer, les aider, leur sourire et faire Chemin et communauté avec eux. Le carême nous fait prendre conscience que nous sommes chrétiens avec les autres et c’est avec les autres que nous nous sanctifions. Une sanctification qui se fait sans mon voisin ou contre mon frère ou dans l’indifférence totale de l’autre ou dans l’inimitié à l’autre est un carême stérile, infécond et sans saveur. En effet, en nous éloignant des autres, nous nous éloignons de Dieu ce qui nous extrait de la vie éternelle. L’autre est le visage et la proximité de Dieu. Aussi, la vie éternelle et de sainteté est avant tout une vie de communion, une vie communautaire et une vie de famille. C’est pourquoi le carême est un chemin pour construire la nouvelle terre, de nouveaux cieux, la nouvelle Jérusalem, où la vie fraternelle est le point de mire.
Dès lors, il nous revient de revisiter notre rapport à l’autre à l’aune de la réconciliation, du pardon et de la paix. Alors, quel est l’état de mon rapport avec mon voisin de quartier et d’immeuble ?
Quels sont les liens brisés de ma vie ?
Quelles sont les personnes dont je me suis éloigné ?
Quelles sont les personnes qui sont sorties de mon cœur, de ma vie ?
Qui me déplaît ?
Avec qui suis je indifférent ou insensible ?
Là où il y a un lien brisé, il y a un cri de Dieu ; « qu’as tu fait de ton frère ? »
Là où il y une mésentente, il y une voix de Dieu : « où es ton frère ? »
Le carême nous donne l’occasion de repartir en famille, de nous rencontrer et de revoir nos relations familiales. C’est le lieu de s’asseoir ensemble, de se parler, de se demander pardon. C’est le lieu de reconnaître notre part de responsabilité dans les liens fracturés et les palabres de nos maisons. Quelle que soit la situation de la famille, il y a toujours quelque chose à améliorer, un lien cassé à ressouder, un pardon à demander ou à donner, un silence à réveiller, une mort à ressusciter, une peine à soulager, une plaie à guérir. C’est maintenant la résurrection de nos familles. C’est le temps favorable de la vie de nos communautés. C’est le lieu de faire revenir à la vie nos familles. Tant qu’il y a une indifférence, une haine, une insensibilité en nous, il y a une partie de nous qui est morte et manque de vie. Pour que cette partie reprenne vie, il faut pardonner et se réconcilier. C’est pourquoi dans la parabole du fils prodigue (Lc 15,11-32) le pardon est une résurrection, c’est revenir à la vie. Se réconcilier c’est retrouver la vie. Par contre le péché, la haine c’est mourir, c’est s’éloigner, c’est briser le lien.
Ainsi, le carême nous ouvre à de nouvelles relations familiales et communautaires par le pardon, la réconciliation et la paix. À cet effet un proverbe africain dit :
« Le pardon ne change pas le passé, il élargit les horizons du futur « .
Merci pour cet effort de carême : se pardonner, se réconcilier, faire la paix.
Père Mathieu IBRAGO