Solennité de la Pentecôte
Unité, Vérité, Envoi
La fête de la Pentecôte nous donne une belle image de l’Eglise naissante : les apôtres rassemblés autour de Marie dans la prière. C’est pour nous un appel pour aujourd’hui. Les apôtres, nous le savons, étaient issus de milieux sociaux différents. Ils avaient des options politiques opposées. Nous sommes peut-être moins différents qu’eux, et pourtant, dans l’Eglise, a fortiori depuis quelques années, nous sommes incapables de présenter au monde une telle image. Nous nous déchirons sur bien des sujets. Nous nous faisons mal. Nous en oublions la charité qui doit exister entre nous car elle est le préalable à la fraternité. Comment constituer le Corps du Christ en faisant tellement état de nos dissensions ? Comment vivre dans l’unité si nous sommes dans la compétition ? Notre ministère ne sera fécond que s’il est désintéressé. Nous ne sommes pas là pour ramener les gens à nous ou les conserver autour de nous mais pour les amener au Christ et la diversité des apôtres nous rappelle la diversité des chemins pour rencontrer le Christ. S’il y avait un seul chemin qui soit le bon, cela fait longtemps qu’on l’aurait mis en place ! La diversité des spiritualités, des familles religieuses, des styles de liturgie existe afin que chacun trouve son chemin vers le Seigneur sans exclure les autres chemins. Mais si on se compare, si on s’envie, alors on fait fausse route. C’est peut- être cela qui a poussé Judas à trahir. Alors, pour annoncer l’Evangile avec fruit construisons l’unité. Pour répondre à l’appel de Jésus de faire des disciples, bâtissons la fraternité. Et retrouvons-nous ensemble pour prier avec Marie !
Car, en effet, nous sommes envoyés. Le don de l’Esprit propulse les apôtres hors du Cénacle pour leur faire annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection. Nous ne sommes pas là pour faire fonctionner un établissement, nous n’avons pas reçu le Saint-Esprit au jour de notre confirmation pour entretenir la communauté paroissiale. Nous avons reçu l’Esprit-Saint pour annoncer la Mort et la Résurrection du Christ à nos contemporains. Il ne s’agit pas pour tous de monter en chaire ou de parcourir les rues du quartier mais d’être tout simplement des témoins au cœur de nos familles, de nos immeubles, de notre quartier. Il s’agit, au moins, de dire que nous sommes chrétiens, de nous organiser pour célébrer – de préférence ensemble – le Seigneur, a fortiori les jours de grande fête. Que vont penser les voisins que vous avez invités à venir célébrer une des grandes fêtes de l‘année si vous n’y êtes pas alors qu’ils viennent pour la première fois et qu’ils ne sont pas accueillis ? Les liens amicaux et affectifs sont importants. A l’opposé, ils ne doivent pas enfermer les personnes. Dans nos paroisses pas de danger ! Rappelez-vous, on n’est pas de Paul ou d’Apollos, on est au Christ ! Il faut tout autant accueillir que s’effacer devant plus grand que soi, le Christ comme l’a fait Jean le Précurseur. Il nous faut nous effacer devant la Vérité.
En effet, nous avons à passer au second plan derrière le Christ. Nous avons à nous effacer devant le mystère de Dieu. Nous avons à reconnaître que son mystère nous dépasse. C’est ce que nous ferons la semaine prochaine lors de la fête de la sainte Trinité. Nous ne possédons pas la Vérité car on ne possède pas le Christ. On la reçoit, on la transmet comme on l’a reçue. Si elle me dépasse, elle dépasse aussi celui qui est à côté de moi et qui doit, avec humilité, transmettre le Christ et non des valeurs ou une philosophie. Sinon, on trouvera toujours que l’enseignement du voisin n’est pas bon ! Mais le Christ est la Vérité et nous sommes appelés à l’adorer comme nous sommes appelés à adorer la Trinité toute puissante, ce que nous ferons dimanche prochain.
Père Xavier SNOËK